Observations de la végétation

Zonation altitudinale

La physionomie et la composition du manteau végétal se modifient avec l’altitude. phénomène lié à la baisse des températures et aux exigences thermiques des espèces végétales. Tabl. IV, et Photo 24.
Zonation altitudinale, végétation et sols.Zonation altitudinale, végétation et sols.
Figure 14
Modification altitudinales de la végétation. Modification altitudinales de la végétation.
Photo 24

 

Tableau IV. Répartition thermique et altitudinale de quelques espèces ligneuses.

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Chaleur ------->--------->---------->----------->--------->----------->----------->------------->------------> Froid
Chêne pubescent Chêne sessile Charme Hêtre Sapin Erable faux-platane Epicéa Pin cembro Mélèze
........>.........>.........>.........>..........>...........>....... Altitudes maximum >...........>...........>...........>.............>............>
700m 800m 900m; 1500m 1600m 1700m 1900m 2200m 2300m

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Les changements altitudinaux de végétation apparaissent par paliers : les étages de végétation.

Climax et végétation de substitution

Végétation climacique

Elle colonise des territoires protégés contre les traumatismes destructeur : déforestations, avalanches… Sa physionomie et sa composition floristique dépendent alors essentiellement des facteurs climatiques «végétation limacique». Du collinéen au subalpin, le climax est représenté par des forêts et, dans l’alpin, par des pelouses. Les forêts climaciques (forêts vierges) sont rares mais des forêts exploitées prudemment restent souvent proches du climax.

Goupements de substitution

Après la destruction d’un climax forestier (par coupe, défrichement, incendie, tornade) s’installe une végétation de substitution (pelouses, landes cultures, clairières) très différente de la forêt primitive tant au point de vue physionomique que floristique. Photos 25a , 25b.
Groupement de substitution : chênaie pubescente. Groupement de substitution : chênaie pubescente.
Photo 25a
Groupement de substitution : pessière.Groupement de substitution : pessière.
Photo 25b

Evolution de la végétation

Les groupements de substitution subsistent tant que les pressions qui les ont créés subsistent par exemple fauche pour les prairies montagnardes ; la disparition de ces contraintes déclenche une dynamique qui, par étapes, reconstitue lentement le climax.
Exemple :

Hêtraie-sapinière> (coupe) > clairière > (clairière abandonnée) > champ d’épilobe > taillis de saule des chèvres > hauts taillis de sureau rameux et tremble > hêtraie-sapinière.

La vitesse d’évolution diminue avec l’altitude ; un siècle est nécessaire pour qu’une pelouse subalpine à nard raide fasse retour à la pessière primitive. -Parfois cette évolution se trouve bloquée.
Exemple :

Pessière subalpine > (défrichement) > pelouse pâturée à nard > abandon du pâturage > lande à myrtille > lande à rhododendron ferrugineux.

La rhodoraie, très dense, inhibe la germination des graines de résineux subalpins, elle n’évolue plus donnant l’impression d’un groupement climacique ( paraclimax).

Groupements spécialisés

Dans des stations aux conditions de milieu très sévères (falaises, éboulis, marais) ne s’installent qu’un nombre resteint d’espèces bien adaptées. Des falaises, au sein de la hêtraie-sapinière, ne seront jamais recouvertes par la hêtraie. Les groupements spécialisés prennnent un grand développement dans l’étage alpin.

Application : Notion de Série de végétation.

Une série correspond à un territoire sur lequel la dynamique végétale conduit à un même climax. La série de la hêtraie-sapinière rassemble des hêtraies-sapinières encore proches du climax mais aussi des groupements de substitution : clairières, landes, prairies, ...qui pourraient évoluer, lentement mais sûrement, vers la forêt. C’est une mosaïque de groupements différents par leur flore et leur physionomie, mais sur tout ce territoire, les facteurs climatiques et édaphiques sont favorables à la hêtraie-sapinière.

Une quinzaine de séries à climax forestier ont été décrites dans les Alpes du Nord, du Collinéen au Subalpin (Tabl. V); par contre, la notion de série devient moins évidente dans l’Alpin. La cartographie au I/200 000° des séries de végétation de la France a été réalisée, par le C.N.R.S. Pour les Alpes occidentales, une cartogaphie à moyenne échelle (I/50 000°) est l’oeuvre du Laboratoire d’Ecologie Végétale de l’Université de Grenoble (Fig. 15).

Cartographie des séries de végétation de ChamonixCartographie des séries de végétation de Chamonix
Figure 15
Cartographie des séries de végétation de Chamonix - LégendeCartographie des séries de végétation de Chamonix - Légende

 

Tabl.V Etages de végétation dans les Alpes du Nord.
Etages Zones Situation écologique Groupements
Collinéen………(250-700m.) *Zones externes…. Adrets calciques secs Chênaies pubescentes
Collines, plateaux à sols frais Charmaies
Fonds de vallées Aulnaies blanches et glutineuses
Chênaies pédonculées
*Zones internes Adrets calciques Garrigues à chêne pubescent
Montagnard....... (700-1600m.) *Zones externes Adrets Hêtraies méxérophiles
Expositions fraîches Hêtraies-Sapinières
Combes enneigées Erablaies
Z. intermédiaires Toutes expositions Pessières
*Z.Internes Adrets Pinèdes sylvestres
Subalpin……… (1600-2300m.) *Zones externes Lapiaz et falaises calcaires Pinèdes de pin à crochets
Autres stations Pessières
Z.intermédiaires Mélézèins, Cembraies
* Z. internes -id-
* Toutes zones Ubacs enneigés à sols acides Aulnaies d’aulne vert
Alpin............... (2200-3000m.) Pelouses Calciques Seslérie variable, fétuque violette
Acidophiles Nard raide, laîche courbée.
Groupements Spécialisés Liés à géologie, topographie
microclimat, humidité
Falaises, éboulis, combes à neige
tourbières, reposoirs ...
Nival (> 3000m.) Rares espèces isolées.

Notion d’association végétale

Alnetum viridisAlnetum viridis.
Photo 26

Une espèce exigeante se développe bien que si le milieu lui est favorable. Par exemple, l’aulne vert qui recherche une atmosphère humide, de sols acides et d’un long enneigement, s’implante dans des combes subalpines d’ubac de massifs siliceux humides et neigeux. Il y côtoie des espèces ayant les mêmes exigences: adénostyle à feuilles d’alliaire, laitue des Alpes. (Photo 26). Ce groupe d’espèces constitue une association végétale ; ce n’est pas une attirance, comme dans nos associations humaines, mais un voisinage passif lié aux mêmes besoins environnementaux. (Tableau VI).

L’association est définie par des « espèces caractéristiques ». Un paysage végétal réunit une mosaïque d’associations de dimensions très variables : quelques m2 (escarpement rocheux) à plusieurs ares (pelouses homogènes). La phytosociologie est la science qui étudie les associations végétales.

Nomenclature des associations

Chacune porte le nom scientifique d’une caractéristique suivi du suffixe « etum »

Exemple : Nardetum , pelouses à nard raide. Parfois sont associées 2 caractéristiques : Abieti-Fagetum forêt de sapin et de hêtre.

Les associations ayant des parentés floristiques sont réunies en alliances portant le nom d’une espèce caractéristique suivi de suffixe « ion ». Ex. Fagion.

Des cartes phytosociologiques illustrent des études d’impacts car les associations sont de bons indicateurs de sensibilité. Fig.16, 16b.

Groupement de la végétation à CarlaveyronGroupement de la végétation à Carlaveyron
Figure 16
Carlaveyron Carlaveyron
Figure 16b

Interéaction entre espèces végétales. Sous le couvert dense d’une hêtraie sapinière, les plantules de sapin (sciaphiles) se développent bien ce qui n’est pas le cas de plantules d’épicéa (héliophiles). Autre exemple : les racines de callune excrètent des substances inhibant la germination d’autres espèces d’où la pauvreté des callunaies.

Tableau VI : Classification écologique. Exigences de quelques espèces pour les facteurs du milieu.
Lumière
Plantes d’ombre (sciaphiles) : Oxalis petite oseille.
Plantes de lumière (héliophiles) : Pin sylvestre.
Plantes demi-ombre. Charme.
Températures
Plantes exigentes en chaleur (thermophiles) : Erable de Montpellier.
Plantes endurcie au froid (thermophobes) : Pin cembro.
Durée d’enneigement
Longue (chionophiles) : Sodanelle alpine.
Courte : Genévier nain.
Teneur en eau du sol.

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Dans des situations intermédiaires.
Sols très secs (xérophiles) : Seslérie variable.
Sols moyennement humides (mésophiles) : Géranium des bois.
Sols très mouillés (hygrophiles) : Roseau.
Moyennement secs (mésoxérophiles) : Sorbier blanc.
A forte humidité mais non mouillés (mésohygrophiles) : Aulne vert.
Réaction du sol : pH de l’humus.
Très acide (acidiphiles) : Myrtille.
Neutre (neutrophiles) : Frêne.
Alcalin calcique (calcicoles) : Dryas à huit pétales.
Espèces indifférentes : Epicéa
Richesse du sol en nutriments : nitrates.
Riche en nitrates (nitratophiles) : Rhubarbe des moines.
Pauvre : Chêne sessile.

Certaines espèces ont plusieurs caractéristiques connues: le chêne pubesent est, à la fois, héliophile, xérophile et calcicole.