L'étage subalpin
Deux espèces forestières sont typiques
Le Pin à crochet
Pinus uncinata colonise des stations ingrates : rocailles sèches et falaises où ils se cramponne dans les fentes, résiste au froid, aux forts contrastes thermiques et au vent. Dans cet environnement sévère, sa croissance très lente ne produit que des arbres rabougris.
Avec un besoin impérieux de lumière il ne supporte aucun couvert même le sien ce qui explique ses peuplements très clairiérés. Il est délivré de toute concurrence sur des calcaires massifs lapiazés. Cependant Pinus uncinata n’est pas assigné à vivre sur des rocailles; on le trouve sur des sols plus riches s’il n’y a pas de concurrence et il forme, alors, des arbres hauts. Sur les Pyrénées où il est la seule espèce forestière subalpine, les pinèdes sont d’assez bonne venue.
L’Epicéa
Picea abies colonise tous les milieux, du montagnard au subalpin et brouille la zonation de la végétation. Au niveau du subalpin inférieur, les pessières constituent des peuplements purs mais souvent très anthropisés.
De nombreuses landes et des pelouses
Les groupements de substitution des pessières et des pinèdes occupent plus de la moitié de l’étage : pelouses pastorales sur des reliefs adoucis, landes et pelouses calcicoles sur des sols rocailleux superficiels.
Série du Pin à crochets
Le climax
Une pinède chétive sur des calcaires massifs. Sous chaque arbre, les aiguilles mortes édifient un épais horizon d’humus brut colonisé pardes acidophiles: Myrtille (Vaccinium myrtillus) - Airelle (Vaccinium vitis-idaea) - Rhododendron ferrugineux. (Rhododendron ferrugineum) - Camarine noire (Empetrum nigrum) - Lycopode à rameaux annuels (Lycopodium annotinum) - Sélaginelle (Selaginella selaginoides).
Groupement de substitution
Autour des coussins d’humus brut, sur les rocailles s’installent des landes et des pelouses.
Landes calcique
Amélanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis) - Daphné des Alpes (Daphne alpina) - Dryas à huit pétales (Dryas octopetala) - Globulaire à feuilles en cœur (Globularia cordifolia) - Gentiane de Clusius (Gentiana clusii) - Genévrier nain (Juniperus nana) - Raisin d’ours (Arctostaphylos uva-ursi) - Germandrée des montagnes (Teucrium montanum).
Pelouses calciques xérophiles à Seslérie
Elles seront étudiées dans le chapitre « Pelouses subalpines ».
Pinèdes sur des éboulis froids du montagnard
Dans des éboulis, formés sous de hautes falaises d’ubac, la température entre les blocs superficiels est anormalement basse : de 2 à 6° en juillet alors que la température de l’air, au dessus, dépasse 17°. De la glace formée, en profondeur, au cours de l’hiver, refroidirait, en été, les courants d’air ? Ces éboulis se rencontrent en Chartreuse dans les cirques de la Plagne et de St-Même, dans le Jura suisse au Creux-du-Vent et dans le Vercors.
L’éboulis de la Plagne, vers 900m. d’altitude, au pied de la crête du Pinet a fait l’objet d’observations.
Les parties les plus froides ( T°<6°) sont colonisées par un maigre peuplement de Pin à crochets avec un cortège floristique comparable à celui des pinèdes sur coussin d’humus brut implantées 1000m. plus haut (Fig 20). Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) - Homogyne alpine (Homogyne alpina) - Sélaginnelle fausse sélagine (Selaginella selaginoides) -
Série de la pessière subalpine
La plasticité de l’Epicéa explique de nombreux types de pessières subalpines.
Forêts climaciques
Pessières à Myrtilles
Quelques stations originales dans les fonds de synclinaux perchés de l’Aupt du Seuil et de l’Alpette : forêts souvent dégradée avec : Myrtille (Vaccinium myrtillus) - Homogyne des Alpes (Homogyne alpina) -Airelle (Vaccinium vitis-idaea).
Pessières à hautes herbes
Dans des ravines humides avec une mégohorbiaie très dense.
Groupement de substitution
Landes acidiphiles
Myrtille (Vaccinium myrtillus) - Airelle des marais (V.uliginosum) - Airelle rouge (V. vitis-idaea) - Rododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) - Camarine noire (Empetrum nigrum) - Chèvrefeuille bleu (Lonicera caerulea) - Homogyne des Alpes (Homogyna alpina) - Luzule des forêts (Luzula sylvatica) - Bléchnum en épi (Blechnum spicant) - Lycopode sélagine (Lycopodium selago) - Maïanthème à deux feuilles (Maianthemun bifolium) - Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa) - Lichen des rennes (Cladonia rangiferina) - Cetraria islandica - Cladonia abuscula.
Nombreuses mousses : Leuchobryum glaucum Rhytidiadelphus triquetus.
Pelouses subalpines
Leur classification est basée sur les conditions de milieu : édaphiques (sols calcaires ou sols acides- sols secs ou sols humides), microclimatiques (adrets ensoleillés et peu enneigés-ubacs foids et enneigés).
Pelouses sur sols calcaires secs, souvent en adrets
Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea) - Carex toujours vert (Carex sempervirens) - Aster des Alpes (Aster alpinus) - Lin des Alpes (Linum alpinum) - Hélianthème alpestre (Helianthemum alpestre) - Hélianthème à grandes fleurs (Hélianthemum grandiflorum) - Globulaire à feuilles en cœur (Globularia cordifolia) - Chardon décapité (Carduus defloratus) - Alchémille à folioles soudées (Alchémilla conjuncta).
Lunetière (Biscutella loevigata) - Pédiculaire arquée (Pedicularis gyroflexa) - Gentiane de Clusius (Gentiana clusii).
Pelouses sur sols calcaires à bonne capacité en eau
Pulsatille des Alpes (Pulsatilla alpina) - Anémone à fleur de narcisse.
(Anemone narcissiflora) - Ancolie noirâtre (Aquilegia atrata) - Pédiculaire feuillée (Pedicularis foliosa) - Carex ferrugineux (Carex ferruginea) - Fétuque violette (Festuca violacea) - Trolle d’Europe (Trollius europaeus) - Campanule à feuilles de thyrse (Campanula thyrsoidea) - Fausse pâquerette (Aster bellidiastrum) - Grande atrance (Astrantia major) - Seneçon doronic (Senecio doronicum).
Pelouses sur sols sub-acides, profonds, bien drainés
Elles offrent quelques affinités avec les pelouses à Sesleria mais sont infiltrées par des espèces plus mésophiles. Sur le Charmant-Som, la floraison des jonquilles (Narcissus pseudonarcissus) est spectaculaire.
Pelouses sur sols acidifiés
Sur des affleurements de calcaires gréseux des Hauts-Plateaux avec des sols lessivés s’installent des espèces calcifuges de la nardaie: Nard raide (Nardus stricta) Dactylorhize à odeur de sureau (Dactylorhiza sambucina) - Nigritelle noirâtre (Nigritella nigra) - Pseudorchis blanchâtre (Pseudorchis albida) - Orchis vert (Coeloglossum viride) - Gentiane ponctuée (Gentiana punctata) - Campanule barbue (Campanula barbata). Potentille dorée (Potentilla aurea) - Benoite des montagnes (Geum montanum) - Euphraise naine (Euphrasia minima) - Botryche lunaire (Botrychium lunaria) - Potentille tormentille (Potentilla erecta) - Léontodon de Suisse (Leontodon helveticus) -Laiche pâle (Carex pallescens).
Pelouses sur sols enrichis par le pastoralisme
Pelouses piétinées
Paturin des Alpes (Poa alpina) - Fléole des Alpes (Phleum alpinum) - Fétuque rouge (Festuca rubra) - Alchémille glabre (Alchemilla glabra)
Reposoirs à bestiaux
Rumex des Alpes (Rumex alpinus) - Chénopode bon-Henri (Chenopodium bonus- henricus) - Vérâtre blanc (Veratrum album ) - Plantin couché (Poa supina) - Compagnon rouge (Silene dioica).
Groupements spécialisés
Des stations aux conditions de milieu très rudes (falaises, éboulis, marais) sont colonisées par des espèces bien adaptées.
Falaises
Des fissures sont les seuls ancrages possibles.
Primevère auricule (Primula auricula) - Potentille caulescente (Potentilla caulescens) - Athamante de Crète (Athamanta cretensis ) - Nerprum nain (Rhamnus pumila) - Erine des Alpes (Erinus alpinus).
Deux espèces sont originales :
Millepertuis nummulaire (Hypericum nummularium). Ce petit Millepertuis, abondant dans les Pyrénées, a une seule aire alpine : le massif de la Chartreuse. Il est recherché pour faire une liqueur (la vulnéraire) mais sa cueillette est réglementée.
Potentille luisante (Potentilla nitida). Rosacée en coussinet, à grandes fleurs blanches. Son aire principale recouvre les Apes centrales et orientale ; ses stations cartusiennes constituent l’extrême limite occidentale.
Eboulis calcaires
Pâturin du Mt-Cenis (Poa cenisia) - Rumex à écussons (Rumex scutatus) - Thlaspi à feuilles rondes (Thlaspi rotundifolia) - Doronic à grandes fleurs (Doronicum grandiflorum) - Trisète distique (Trisetum disticophyllum).
Zones humides
La Chartreuse, massif calcaire, abrite peu de vastes surfaces marécageuses sauf au niveau de replats ou de cuvettes tapissées d’alluvions peu perméables. Dans le massif de la Gde-Sure, T. PHILIPPE décrit quelques marais à Carex de Daval (Carex davalliana) - Linaigrette à feuilles larges (Eriophorum latifolium) - Parnassie des marais (Parnassia palustris). Une acidification apparaît à la périphérie avec des Sphaignes.