Les facteurs climatiques

Température de l’air

Repérage

On relève, chaque jour, la T° maxi et la T° mini, sous abri. (T° max + T° min.) / 2 = T° moyenne du jour. On calcule, ensuite, les températures "moyennes" mensuelles, saisonnières, annuelles, pluriannuelles (normales).

Ses variations

Les variations thermiques dans l'espace

Rôle de l’altitude : la température moyenne de l’air diminue de 0,5°pour 100m. de dénivelé Fig.1).

 Diminution altitudinale des T° avec l’altitude. 100 stations suisses entre 400 et 1600m. (1945-1965)Diminution altitudinale des T° avec l’altitude. 100 stations suisses entre 400 et 1600m. (1945-1965)
Figure 1

Cette diminution altitudinale rappelle la diminution des T°, de l’équateur vers les pôles.

 Conséquences: une augmentation du nombre de  jours de  gelées et la diminution de la période végétative ou T°>5° (Tabl. I).

Tableau I- Variations altitudinales du nombre de jours de gel, de la période végétative (T°> 5°) et des dates de début et de fin de la période chaude. Période 1945-1970
StationsNbre jours gelPériode vég.T° > 20°
SimpleContinu(jours)1° JourDernier jour
Annecy (450m.) 88 8 265 9 Mai 28 Sept
Thônes (625m.) 121 18 239 16 Mai 9 Sept
Samoëns (700m.) 142 18 232 27 Mai 9 Sept
Chamonix (1037m.) 160 44 214 6 Juin 4 Sept
Le Tour (250m.) 167 51 185 - -

Ces dates moyennes masquent des variances importantes (Fig. 2).

 Dates de débuts et de fins de gelées à Chamonix. Pour chaque date, indication graphique de la fréquence.Dates de débuts et de fins de gelées à Chamonix. Pour chaque date, indication graphique de la fréquence.
Figure 2

 Certaines années, il gèle encore à Chamonix début juin, d’où des dégâts aux espèces qui bourgeonnent très tôt.

Une exception : les inversions de T°

En hiver, par temps calme et froid, la T° de l’air diminue fortement, la nuit, en altitude ; sa densité augmente et il s’écoule  dans  les fonds de vallée où se  forme un lac d’air froid rempli de brouillards givrants. La couche brumeuse, épaisse parfois de quelques centaines de mètres, se termine brusquement au  niveau d’une « mer de nuages » ; au dessus, le soleil resplendit la journée avec des T° diurnes dépassant parfois celles des basses régions (Photo 1).

 

Rôle de l’exposition

  L’apport d’énergie solaire, maximum sur des pentes d’adret inclinées de 22°, diminue sur les ubacs. Cette opposition, forte en hiver s’atténue en été lorsque les rayons solaires atteignent les faces nord.  ubacs. C (Ph. 2)

 Mer de nuages : Le Grésivaudan Mer de nuages : Le Grésivaudan

Photo 1
Opposition adret (à gauche) ubac depuis les Petites Roches.(à droite), en hiver. Opposition adret (à gauche) ubac depuis les Petites Roches (à droite), en hiver.
Photo 2

Dans le temps

Au cours des journées, des saisons, des périodes géologiques et historiques

- Les oscillations journalières

La journée, les radiations solaires chauffent l’air, la nuit le rayonnement nocturne abaisse la T°. L’amplitude  augmente par temps clair.

- Les oscillations saisonnières

Rappelons que les contrastes saisonniers, faibles sous l’équateur où les jours sont égaux aux nuits, augmentent jusqu’aux  latitudes moyennes (60°), puis s’atténuent vers le nord. (Fig. 3)

Températures mensuelles maxima (rouge) et minima (vert). Quintiles en pointillés ou tiretés. Températures mensuelles maxima (rouge) et minima (vert). Quintiles en pointillés ou tiretés.
Figure 3

Les variations des T° au cours des périodes géologiques

- Au début de l’ère tertiaire

 Les restes fossiles d’espèces tropicales révèlent un climat plus chaud qu’actuellement.

- A la fin du Quaternaire

 Durant 1 million d’années, quatre glaciations alternent avec des interglaciaires plus chauds. Diverses techniques permettent de préciser  les variations du  milieu. 

  • Sondages sous marins. 

Ils fournissent des carottes de 200 000 ans dans lesquelles l’étude des Foraminifères et des isotopes de l’oygène (O16,  O18) permettent d’apprécier les T° au moment de leur  dépôt.

  • Carottages dans les calottes glaciaires 

Des bulles d’air emprisonnées, dans la glace, parfois depuis 800 000 ans, permettent de doser en continu le % de C02 atmosphérique. 

  • Analyses polliniques dans les tourbières.

 Elles révèlent la succession des flores, au cours de la période post- glaciaire.

Au maximum des dernières glaciations

Une calotte glaciaire recouvre l’Allemagne, les glaciers alpins atteignent Lyon et la toundra s’étend  sur  une partie de l’Europe (Fig.4 et  4b).

Une baisse du niveau des océans rattache le Grande Bretagne au continent.
 L'Europe pendant la glaciation du Wurm (Ozenda)L'Europe pendant la glaciation du Wurm (Ozenda)

Figure 4
 Extension maximum des glaciation en France, en grisé (Viers)Extension maximum des glaciation en France, en grisé (Viers)
Figure 4b

Variations des T° pendant le post wurmien (de -10 000 ans à 0)

 Une suite d’oscillations thermiques mène aux températures actuelles ; mais, au « subatlantique », entre -6000 et -4000 ans, apparaît un épisode chaud (+ 2°) : la période "xérothermique" au cours de laquelle des espèces méditerranéennes comme l’Olivier arrivent en Savoie et les limites altitudinales forestières dépassent  de 200m. leur niveau actuel (Fig 5). 

 Oscillations thermiques post-glaciaires (rouge) Limite supérieure forêt (Vert)  (Ozenda modofié)Oscillations thermiques post-glaciaires (rouge) Limite supérieure forêt (Vert) (Ozenda modofié)
Figure 5

 

Variations thermiques récentes

Aux XVII° et XVIII° siècle. Pendant le « petit âge glaciaire », les glaciers  du Mont-Blanc atteignent la vallée de Chamonix (Photo 3).

Glacier Argentières en 1860Glacier Argentières en 1860
Photo 3
Glacier Argentières en 2003 Glacier Argentières en 2003
Photo 4

Depuis quelques décennies, les T° croissent. Les statistiques de Météo-France mettent en évidence les écarts positifs des températures automnales, depuis 1980 ; en 2006, ces dépassements apparaissent 8 mois sur 12 (Fig.6 et 7).

Température en automne. Variance calculée à partir de 22 stations métropolitaines. T° en automne. Variance calculée à partir de 22 stations métropolitaines.
Figure 6
   Température Ecarts à la normale pour des stations de Hte Savoie, Année 2003. Maxi en rouge, mini en bleu, moyenne en vert. ( Météo France Hte- Savoie).T° Ecarts à la normale pour des stations de Hte Savoie, Année 2003. Maxi en rouge, mini en bleu, moyenne en vert. ( Météo France Hte- Savoie).
Figure 7

La répartition des T° : carte des isothermes

(Fig 8 ) Elle correspond à la période estivale, saison le plus favorable à la végétation dans les Alpes. 

 

Carte des isothermes estivales. Indications des moyennes pour toutes les stations repérées. (D’après archives des services météo de France,Suisse, Italie).Carte des isothermes estivales. Indications des moyennes pour toutes les stations repérées. (D’après archives des services météo de France,Suisse, Italie).
Figure 8

La carte met en évidence les bassins et les vallées aux été chauds T>18° où s’implantent  des espèces thermophiles : chêne pubescent.

Action de la température sur les plantes

Sur les fonctions physiologiques

 

Action de la Température sur l’intensité de la photosynthèse.Action de la T° sur l’intensité de la photosynthèse
Figure 9

  L’assimilation chlorophyllienne s’effectue entre des limites de températures étroites mais variables suivant les espèces (Fig. 9). L’optimum thermique du Pin cembro, inférieur  à celui du Chêne pubescent, explique  l’implantation  de l’Arolle dans des stations plus froides.

L’accoutumance  aux gelées hivernales

 

 Variations des Températures léthales de la Callune et du Pin cembro en fonction des Températures  minima.Variations des T° léthales de la Callune et du Pin cembro en fonction des T° minima.
Figure 10

 

 En automne, l’arrivée de jours courts déclenche des modifications cellulaires qui augmentent la résistance au froid. Cet « endurcissement », maximum en janvier, atteint  -20° pour le Sapin, - 35° pour le Mélèze, -40° pour le pin cembro. Il s’affaiblit ensuite puis disparaît. Ce désendurcissement », précoce chez le Hêtre en avril, survient tardivement  chez l’Epicéa, le Mélèze et l’Arolle qui résistent mieux aux gelées printanières (Fig 10).

 

Une classification thermique des espèces

Espèces exigeantes en chaleur (thermophiles) : Chêne pubescent, Coronille émerus, Epine vinette,  Buis, Peuplier blanc.

Espèces moyennent Résistantes au froid : Hêtre, Sapin, Erable sycomore.

Espèces très résistantes au froid> : Epicéa, Mélèze, Pin cembro.

La zonation thermique des espèces

En altitude. Les espèces végétales s’implantent dans les tranches altitudinales qui satisfont leurs besoins thermiques. Chêne pubescent 200-600m. ; Charme  300-900m. ; Hêtre 800-1600m. ; Epicéa 900-1900m ; Pin cembro 1800-2200 m. Camarine noire 1800-2400m.

En latitude. Se relaient, du sud vers le nord, dans les plaines européennes  : Chêne vert, Chênes à feuilles caduques, Charme, forêt mixte Hêtre-Epicéa, Forêt boréale de conifères à Mélèze et Pin cembro. Cette zonation latitudinale offre des affinités avec la précédente.

Conséquences  des « accidents climatiques » anciens 

Les glaciations quaternaires

Au  cours de la  glaciation du Wurm, une  toundra  recouvre en  partie de l’Europe. Le réchauffement post-wurmien chasse les espèces arctiques qui survivent  dans des régions où le froid persiste : zone boréale au nord, sommets alpins au sud. L’aire  de ces espèces se  scinde  : aire alpine et aire arctique .Ce sont des artico-alpines  Dryas octopetala, (Photo 5,  Fig 11) Cortusa matthioli (Photo 6) et Loiseleuria procumbens (Photo 7).

Aire actuelle de Dryas octopetala (en noir) Croix et points :stations reliques ou fossiles. (Lemée)Aire actuelle de Dryas octopetala (en noir) Croix et points :stations reliques ou fossiles. (Lemée)
Figure 11
 Dryas octopetalaDryas octopetala
Photo 5

Cortusa matthioliCortusa matthioli
Photo 6
LoiseleuriaLoiseleuria
Photo 7

Les vastes  tourbières à sphaignes, formées au début du post glaciaire,  aujourd’hui très réduites, abritent des reliques boréales : Andromeda polifolia, Oxycoccos quadripetala.

La période xérothermique

Des vestiges d’anciennes colonies méridionales subsistent dans des stations chaudes de l’étage collinéen : Juniperus thurifera, Pistacia terebentus, près de Grenoble.

Les stades phénologiques

 Foliaison, floraison, fructification s’effectuent quand la plante a reçu une «somme de températures journalières » suffisante. Les dates d’apparition de ces phases varient, comme les températures, avec l’altitude et l’exposition.

Des agronomes ont observé ces stades sur le Dactyle (Tableaux II et III).

Tableau II. Influence de l’exposition sur les stades phénologiques de  Dactylis glomerata  ubac, à la même altitude.

 

Stades phénologiquesNombre de jours de retard dans la station d’ubac

Retard diminué en été : ubacs ensoleillés (Fleury modifié)
Stades phénologiquesNombre de jours de retard dans la station d’ubac
Début montaison 24
Début épiaison 18
Pleine épiaison 21
Mi-floraison 16
Mi-fructification 14
Mi-dissémination 12
Tableau III. Influence de l’altitude sur les stades phénologiques de Dactylis glomerata à des altitudes différentes
Stades phénologiquesNombre de jours de retard pour 100m. de dénivellation
Début montaison 7
Début épiaison 5
Pleine épiaison 5
Mi-floraison 5
Mi-fructification
Mi-dissémination 6

Les conclusions d’enquêtes de phénologie effectuées par des écoles primaires de Haute-Savoie sont exprimées par la Fig. 12 

Variations altitudinales des dates de floraison de diverses espèces.Variations altitudinales des dates de floraison de diverses espèces.
Figure 12

La Température du sol

Son intérêt

Lorsque l'activité de la pédofaune et de la pédoflore, l’absorption radiculaire dépendent des T°.  d’où l’intérêt  de ce facteur. A cet effet, au cours d’une espérience, de terrain 10 thermographes sondes ont  été installés le long d’un transect Chartreuse-Grésivaudan, entre 1200 et1700 m. d’altitude, à -10 cm. sous des pelouses  horizontales pour observer les variations altitudinales repérer les dates  de réchauffement à la fin de l’hiver.

La T° du sol diminue avec l’altitude (Fig. 13)

 Variations de la Température du sol le long d’un transect Chartreuse- Belledonne.Variations de la T° du sol le long d’un transect Chartreuse - Belledonne.
Figure 13

 

Le refroidissement est spectaculaire entre la vallée du Grésivaudan à 200m. d’altitude et les flancs de Belledonne à 1700m. ; il rappelle la diminution altitudinale de la T° de l’air et retarde le reprise de l’activité des organes souterrains, à la fin de l’hiver .

La période végétative (T°> 5°) diminue avec l’altitude ( Fig.14)

Durée de la période chaude du sol (T°>5°) dans  stations :  Barreaux (350m.) et Le Collet (1650m.) ; de 1969 à 1982. Durée de la période chaude du sol (T°>5°) dans stations : Barreaux (350m.) et Le Collet (1650m.) ; de 1969 à 1982.
Figure 14

 Entre la date du réchauffement printanier et celle du refroidissement automnal, la période favorable à l’activité su sol diminue fortement de la vallées du Grésivaudan au Collet.

Le réchauffement printanier, du sol en altitude

Il apparaît, tardivement, dès la fin   du  déneigement  (Fig. 15). La courbe des T°, voisine de 0°, pendant tout  l’hiver, se relève brusquement et reprend les  oscillations journalières. 

 Réchauffement printanier du sol à 1600 m. d’altitudeRéchauffement printanier du sol à 1600 m. d’altitude
Figure 15

Le réchauffement du sol est  plus tardif que la fin du gel continu et du réchauffement de l’air qui s’effectue d’ailleurs par saccades. Il est suivi rapidement par la floraison explosive de nombreuses espèces venales : croccus, jonquilles, scilles.

Les précipitations

Caractérisations

Les régimes pluviométriques

Les totaux de précipitations annuels et leurs répartitions mensuelles différencient des zones climatiques. Pour la chaîne alpine, on observe les régimes suivants (Fig16).Régimes pluviométriques. Précipitations estivales colorées.Régimes pluviométriques. Précipitations estivales colorées.
Figure 16

Océanique (Alpes du Nord). Précipitations abondantes toute l’année.

Méditerranéen. Faibles totaux annuels et sécheresse estivale.

Insubrien. (Nord Piémont).Très fortes précipitations annuelles.

Continental. (à l’Est). Faiblesse hivernale, maximum   estival.

Zones alpines internes. Très peu arrosées, en toutes saisons.

Océanique : bleu

Méditerranéen : rouge

Continental : vert

Vallées internes : orangé 

Insubrien : violet.

 

 

 

Les irrégularités des régimes pluviométriques

Les « normales » estompent des périodes accidentellement  plus sèches (Photo 8) ou plus arrosées. Ces  précipitations extrêmes sont mises en évidence par le tracé des quintiles ; totaux  atteints de 1, 2, 3, 4  fois sur 5…   (Fig. 17).

 Eté 2003. Dessèchement de la chênaie pubescente sur des rocailles : Bastille de Genoble. Eté 2003. Dessèchement de la chênaie pubescente sur des rocailles : Bastille de Genoble.

Photo 8
 Précipitations mensuelles. Valeurs normales en bleu. Tracé des quintiles inférieurs et supérieurs.Précipitations mensuelles. Valeurs normales en bleu. Tracé des quintiles inférieurs et supérieurs.
Figure 17

 La croissance altitudinale des précipitations

Les hautes chaînes constituent des pôles de condensation mais le gradient ombrique, contrairement au gradient thermique, varie suivant les régions et faiblit au-dessus de 3000 m. (Fig. 18).

Croissance altitudinale des précipitations. Massif de Trêt-la-Tête. 10 stations EDFCroissance altitudinale des précipitations. Massif de Trêt-la-Tête. 10 stations EDF
Figure 18

Les phénomènes d’abri

Les vents humides qui heurtent les premiers hauts reliefs comme la Chartreuse s’élèvent, se refroidissent et arrosent copieusement  les pentes face au vent avec 2m. au monastère de la Grande Chartreuse, à 950m. d’altitude et les « pieds de monts » (1,6m. à Saint-Laurent du-Pont à 350m). Sur la façade orientale, au-dessus du Sillon alpin, à 230 m., les flux s’abaissent, se réchauffent et les précipitations.

Phénomènes d'abriPhénomènes d'abri
Figure 19

Ce scénario se répète sur les reliefs suivants mais les flux moins  humides  donnent des précipitations médiocres. A altitudes semblables, la pluviométrie annuelle faiblit des zones externes vers les zones internes (Tableau III b).

Tableau III b Variations des précipitations des zones externes vers les zones internes dans une même tranche altitudinale
RégionsStationsP. annuellesP. estivales
en mm.en mm.
Haut-Jura Lamoura (1134m) 1987 500
Massifs subalpins La Clusaz (1140m) 1704 468
Massifs cristallins externes Fond de France (1082m) 1639 457
Zones intermédiaires Chamonix (1040m) 1262 401
Vallées internes St-Nicolas (1156m)
Courmayeur (1220m)
957
644
199
141
(D’après archives météo France, Italie 1945-19790).

Cela se traduit par un changement significatif des paysages végétaux : hêtraies sapinières dans le Haut Jura et sur les Massifs subalpins dominance de l’Epicéa  dans les zones intermédiaires, nombreuses pinèdes à Pin sylvestre dans les vallées internes.

Une carte des isohyète estivales traduit ces phénomènes (Fig. 20).
Précipitations estivales (D’après archives météo France, Suisse Italie 1945-1970).Précipitations estivales (D’après archives météo France, Suisse Italie 1945-1970).
Figure 20

On observe  des totaux très élevés sur le Jura, les massifs subalpins et les massifs cristallins externes des Alpes du nord ; Ces totaux faiblissent en Vanoise et chutent dans les vallées abritées de la zone alpine interne.

 Précipitations neigeuses

Elles sont bien caractérisées, dans une  même station, par le profil nival : graphique indiquant les variations de la hauteur du manteau neigeux au cours des jours. Ce profil varie beaucoup d’une année à l’autre. Il est intéressant de comparer les profils de plusieurs stations pendant la même année ( Fig. 21).  Dans la même tranche altitudinale, l’enneigement, diminue des stations de la bordure N.0. des Alpes à celles de massifs plus internes ou méridionaux fait déjà observé pour le précipitations.

Profil nival de 4 stations  dans la même tranche altitudinale mais situées dans des zones biogéographiques différentesProfil nival de 4 stations dans la même tranche altitudinale mais situées dans des zones biogéographiques différentes
Figure 21

L’eau et les végétaux

Alimentation en eau des végétaux

Les plantes utilisent directement ou indirectement, l’eau des précipitations d’où des relations entre le régime hydrique et la  végétation.

Les montagnes aux étés pluvieux. Les chaînes subalpines et les massifs cristallins externes conviennent aux espèces exigeantes en eau : être, Sapin, Erable sycomore et  pelouses  grasses à Dactyle.

Les vallées internes. Elles abritent des végétaux  à  faibles besoins hydriques : Pin  sylvestre, Genévrier sabine, Epine vinette.

Les zones méditerranéennes. Leur végétation est adaptée à la sécheresse estivale : Chêne vert, Chêne liège, Pin d’Alep.  

Actions combinées précipitations températures

Les plantes subissent, simultanément et continuellement, tous les facteurs du milieu. Après avoir étudié, successivement, les effets de la température et des précipitations, on analyse  l’action cumulée de ces deux facteurs.

L’indice d’aridité hydrique de De Martonne
I= P / T+10° P : moyenne des préciptations en mm
T : moyenne des températures

Une diminution des précipitations (P) associée à  une augmentation des températures (T), accroît l’aridité et I décroît. Une carte d’«aridité »de la période estivale montre l’extension des zones alpines internes. (Fig. 22).

 Carte des indices de De Martonne.Carte des indices de De Martonne.
Figure 22

Dans ces dernières, les limites écologiques sont haussées : l’habitat permanent et les cultures dépassent rarement 1200 m. en Chartreuse, atteignent  1800m. en Haute-Maurienne et se hissent à plus de 2000m. dans le Queyras.  Un indice  élevé > 50 caractérise, des régions  humides.

 Répartition ombrothermiques

On recherche  les intervalles de températures et de précipitations entre lesquels une espèce ou un regroupement végétal se développent bien . (Fig. 23).

Répartition ombrothermique de groupements forestiers (Zukrigj) Répartition ombrothermique de groupements forestiers (Zukrigj)
Figure 23

Actions du manteau neigeux sur les végétaux

Avalanches.Avalanches
Photo 9
Il assure une protection thermique. Sous 50 cm. d’enneigement continu, la surface du sol ne gèle pas ce qui  protége les arbustes couchés sous le neige : Rhododendron, Myrtilles, Aulne vert.

Il constitue des réserves hydriques. La fonte tardive de la neige, sur les ubacs, irrigue longuement les sols, pendant la saison végétative. 

Son Instabilité est dangereuse. Les avalanches zèbrent les flancs  raides des vallées d’altitude et détruisent la forêt. (Photo 9).

La surcharge des arbres. La neige mouillée colle aux branches des résineux, les alourdissent ce qui facilite le déracinement par des vents violents des espèces à enracinement superficiel comme l’Epicéa.

 

 

 

La durée d’enneigement sélectionne des espèces

Enneigement très tardif (mai-juin). Il est recherché par des chionophiles :  Soldanelle, Crocus, Saule herbacé, Aulne vert.

Enneigement fugace et court. S’en accommodent des espèces résistantes au froid et à la sécheresse : Genévrier nain, Callune, Raisin d’ours, Cotoneaster à feuilles entières, Airelle rouge.

La durée d’enneigement associée aux T° minimales. Ces facteurs associés différencient des landes subalpines et alpines (Tableau IV). 

Tabl. IV. Caractéristiques hivernales d’espèces d’altitude. D’après CONTINI.
Espèces
(biotopes)
Durée EnneigementDate déneigementT° mini
absolue
Lichens
(Crêtes très ventées)
38 j 2 février -32°
Azalée desAlpes
(ubacs, replats ventées)
90 j 22 mars -25°
Airelle des marais
(Ubacs, replats ventées)
142 j 8 avril -20°
Myrtille
(Ubacs et replats)
208 j 2 juin -16°
Rhododendron
(Ubacs enneigés)
217 j 6 juin -14°

Le Vent

Caractérisation

 Sa vitesse, sa direction et sa fréquence, enregistrées par des anémographes, sont traduites par des « Roses des vent » (Fig. 24).

Roses des vents Juin 2004. Jaune : 10-15 km /h.  Bleu 16-30  Rouge> 30 km /h. Roses des vents Juin 2004. Jaune : 10-15 km /h. Bleu 16-30 Rouge> 30 km /h.
Figure 24

Le vent s’impose dans des  vallées allongées dans l’axe de vents dominants comme le couloir rhodanien.

Quelques actions du vent

Des influence climatiques

Les flux d’Ouest apportent souvent des précipitations, les flux du sud de la chaleur et ceux du nord de la fraîcheur.

Rôle dans la disséminations de pollens, graines, fruits

Ces organites présentent, parfois, des adaptations facilitant leur transport par le vent : pollen d’Epicéa avec deux ballonnets (Photo 10), graine ailée d’Epicéa (Photo 11), akène plumeux de Pissenlit (Photo12).
Grain pollen d'EpicéaGrain pollen d'Epicéa
Photo 10
Grain ailé d'Epicéa Grain ailé d'Epicéa
Photo 11
Akène de PissenlitAkène de Pissenlit
Photo 12

Traumatisme des arbres en altitude

- Des tornades abattent brusquement des pans de forêts (Photo 13)

- L’agitation des branches ralentit, en été, la photosynthèse.

- Les ramures sont déformées par des vents réguliers et forts (Photo 14).

 

En hiver, Le vent soulève la neige et la transporte d’où quelques méfaits.

- Blessure de rameaux par les cristaux de glace projetés par le vent (Fig15). 

- Surcharge des arbres. (Photo 16).

- Formation de congères. (Photo 17). 

Forêt abattue par une tornadeForêt abattue par une tornade
Photo 13
 Epicéa en drapeauEpicéa en drapeau
Photo 14
Blessure de rameaux Blessure de rameaux
Photo 15

Surcharge de neigeSurcharge de neige
Photo 16
CongèreCongère
Photo 17

Quelques adaptations au vent

 Arbustes plaqués au sol : Azalée des Alpes (Photo 18).
 Plantes en  coussinet : Silène acaule (Photo 19) - Tapis de lichens (Photo 20).

 Azalée des AlpesAzalée des Alpes
Photo 18
 Silène acauleSilène acaule
Photo 19
LichenLichen
Photo 19

Humidité de l’air

Elle s’exprime en ° hygrométrique (H°), échelle allant de 0 (air sans aucune trace de vapeur d’eau) à 100 (air saturé).

Actions physiologiques

L’humidité élevée. Elle  freine l’évaporation et la transpiration végétale. Les  combes d’ubac, froides,  pluvieuses, à l’atmosphère  très  humides, abritent des espèces herbacées à  grandes surfaces foliaires évaporatrices comme l’Adénostyle à feuilles d’alliaire qui ne supporteraient pas  une augmentation de la transpiration dans des stations à atmosphère sèche. 

La sécheresse de l’air. Elle active l’évapotranspiration. Sur des adrets  ensoleillés et ventés où la sécheresse de l’air accompagne souvent celle du sol, s’installent de espèces peu exigeantes en eau qui freinent la transpiration par des 
adaptations foliaires comme la Callune (Photos 21, 22).

Tige de CalluneTige de Callune
Photo 21
C.T. feuille de Callune C.T. feuille de Callune
Photo 22

Etude de l’action combinée hygrométrie et  températures

Elle a été effectuée dans 2 groupements végétaux du col da la Coche (1950m.), une aulnaie d’Aulne vert dans une combe d’ubac et une pelouse à Fétuque paniculée sur pente ensoleillée. Par temps clair, les amplitudes journalières thermiques et hygrométrique sont très accentuées dans la pelouse, faibles sous l’aulnaie, où le °  hygrométrique ne descend pas au-dessous de 50° ce qui ralentit la transpiration des espèces de la mégaphorbiaie comme Adenostyles alliaire. (Fig.25).

 Comparaison de la témpérature et du degrés hygronomètrique dans 2 groupements végétaux au MerdaretComparaison de la témpérature et du degrés hygronomètrique dans 2 groupements végétaux au Merdaret
Figure 25

L'ensoleillement

Sa durée est enregistrée par un héliographe.

 Variations de la durée

 Au cours de l’année (Fig. 26 : année très ensoleillée par rapport aux normes)

Des variations interviennent  en fonction de la couverture nuageuse.

 Annecy. Insolations mensuelles en 2005 (bandes rouges). Comparaison avec les normales (bandes bleues).(Météo France74)Annecy. Insolations mensuelles en 2005 (bandes rouges). Comparaison avec les normales (bandes bleues).(Météo France74)
Figure 26

 

Variations suivant les situations géographiques

Long ensoleillement. Les adrets de vallées internes sèches et bien ouvertes sont très  ensoleillés : 300 jours de soleil par an, dans le Briançonnais

 Durée raccourcie. Les ubacs de vallées brumeuses fermées  par des écrans topographiques ont un ensoleillement restreint : Grande-Chartreuse.

Variations en fonction du couvert végétal

Sous un couvert dense. Le sous bois d’une hêtraie- sapinière, en été, convient à des espèces d’ombre ou sciaphiles : Oxalis petite oseille, Aspérule odorante. Cependant, au printemps, avant la foliaison du hêtre, le sous-bois mieux ensoleillé est fleuri par des espèces  vernales :  Pervenche, Primevère acaule. 

Sous des groupements forestiers clairièrés. La strate herbacée s’enrichit en espèces de demi ombre : Fraisier des bois, Polygala faux- buis, Camérisier noir, Lierre terrestre.

La lumière et les végétaux

La lumière permet les synthèses chlorophylliennes

La lumière est  indispensable mais l’intensité optimum varie suivant les espèces ce qui permet de différencier 3 groupes.

Espèces héliophiles (ou de pleine lumière) : Pin sylvestre (Photo 23), Chêne pubescent, Mélèze, Tremble, Bouleau, Pensée des Alpes .

Espèces de demi ombre: Aulne vert (Photo 24), Erable sycomore, If .

Espèces sciaphiles (ou de lumière atténuée) : Plantules de hêtre (Photo 25) et de sapin, violette à 2 fleurs, mousses et fougères de sous bois.

Pin sylvestre Pin sylvestre
Photo 23
 Aulne vertAulne vert
Photo 24
Plantules de Hêtre Plantules de Hêtre
Photo 25

Le photopériodisme

Influence de la longueur relative des jours et des nuits. Les espèces de jours courts fleurissent en automne comme les chrysanthèmes dont on peut retarder la floraison par  un éclairage artificiel. Les espèces de jours  longs fleurissent en été.  

Le phototropisme

C’est une attirance par la lumière des axes croissance de tiges (germes de pommes de terre), des axes floraux (Tounesol).