Comportement de l'Epicéa

 

 

Pessière subalpine, à BelledonnePessière subalpine, à Belledonne
Photo 13
Epicéa à cônes rouges Epicéa à cônes rouges
Photo 13 b
L’épicéa (Picea abies-Pinacées), spontané dans les Alpes, s’installe du collinéen au subalpin, sous toutes les expositions et sur de nombreux supports pédologiques (Photo 13). Cette grande extension pourrait être liée à la présence de plusieurs «  races » altitudinales et géographiques. Nous observerons des épicéas l’étage subalpin des Alpes nord occidentales : épicéas à cônes rouges (Photo 13 b) qui montrent de nombreuses variations morphologiques liées aux contraintes environnementales : altitude, concurrence, traumatismes divers.

 

 

 

 

Epicéas isolés

Leur profil pyramidal est typique. En hiver, les branches retiennent une masse importante de neige qui fragilise l’arbre (Photos 14 et 15).
Epicéa isolé pyramidalEpicéa isolé pyramidal
Photo 14
Epicéa chargé de neige Epicéa chargé de neige
Photo 15

Epicéas traumatisés

Un environnement contraignant (Sols superficiels, zones ventées, pastoralisme,...) fait apparaître des troncs rabougris et déformés (Photo 16).
 Epicéa traumatisé; environnement ingratEpicéa traumatisé; environnement ingrat
Photo 16

Epicéas en peuplements denses

Sous des pessières denses, les branches basales peu éclairées meurent et s’élaguent ; les troncs minces, rectilignes, hissent leur frondaison dans des zones mieux éclairées, à 15 ou 20 m. au dessus du sol. Ces peuplements sont souvent d’origine anthropique (plantations). La régénération s’effectue difficilement car les plantules héliophiles de Picea abies s’y développent mal (Photo 17).
Pessière très densePessière très dense
Photo 17

Pessières un peu clairiérées (futaies jardinées). Les arbres, moins serrés, ont plus de surface assimilatrice et forment des troncs de grand volume (Photo 18).
Pessière clairèréePessière clairèrée
Photo 18

Epicéas des zones très enneigées

Leur tronc allongé porte, sur toute leur hauteur, des branches courtes incurvées vers le bas. Cette morphologie diminue la charge neigeuse et rend l’arbre plus résistant aux chablis (Photo 19).Un doute subsiste sur l’origine de ces épicéas « columellaires » : simple accommodat ou race fixée ?
 Epicéa columellaireEpicéa columellaire
Photo 19

Epicéas des crêtes ventées

Epicéa en drapeauEpicéa en drapeau
Photo 20

 

 

Des vents réguliers et forts traumatisent, surtout en hiver, les branches face au vent tandis que les rameaux sous le vent, relativement protégés, peuvent encore se développer. Le ralentissement de la photosynthèse, l’altération des aiguilles par le vent chargé de particules de glace, l’augmentation de la transpiration, même en période hivernale, expliquent l’aspect chétif de ces arbres (Photo 20).

 

 



Epicéa en buisson (subalpin supérieur)

Le climat froid, neigeux et venté, la brève saison végétative ralentissent la croissance : 2 à 3 m. de hauteur à 50 ans. Ces arbres, courts et branchus dès la base, sont ensevelis, en hiver, sous des congères qui plaquent au sol les branches basses. Ces dernières marcottent et engendrent de nouvelles tiges dont les rameaux inférieurs marcotteront à nouveau.
Epicéa en buissons. MarcottesEpicéa en buissons. Marcottes
Photo 21

Il en résulte un buisson de 4 à 5 m de diamètre et de 2 à 3 m de hauteur réunissant une dizaine de tiges ; son édification est très lente, parfois plus d’un siècle. Cette masse végétale supporte mieux les contraintes hivernales qu’un arbre isolé. ( Fig I7, Photos 21 et 21b).
 Buisson enseveli sous une congère Buisson enseveli sous une congère
Photo 21 b
Picea AbiesPicea Abies
Figure 17

 

Epicéas entre subalpin et alpin

Les vents violents et froids propulsent des cristaux de glace qui blessent et tuent les rameaux qui émergent du manteau neigeux protecteur. L’arbre ne grandit plus et forme une touffe dense haute de 40 à 50 cm.. Dans des situations moins sévères, subsiste une courte flèche avec des aiguilles traumatisées au-dessus du manteau neigeux (Fig.18 et Photo 22).
Picea Abies - En boulePicea Abies - En boule
Figure 18
 Epicéa en boule Epicéa en boule
Photo 22

Variations altitudinales de la morphologie

En s’élevant, le long d’un flanc de montagne, on observe, chez des épicéas de même âge, une diminution de la hauteur de l’arbre, du diamètre du tronc, de la longueur des pousses annuelles, du nombre et de la dimension des aiguilles par pousse, une chute de la biomasse et un retard dans le débourrement des bourgeons. Ces altérations résulteraient d’un affaiblissement de l’activité des méristèmes liée au manque de chaleur.

Tableau II. Modifications altitudinales chez l’épicéa. (D’après S. ARQUILLIERE). Massif du Taillefer. (Isère). Epicéa de 30 ans , observation 1986.

CARACTERISTIQUES ALTITUDES en mètres
1750 1900 2000 2100
Epaisseur moyenne des cernes
annuels, en mm
1.51 1.10 0.97 0.95
Hauteur moyenne
du tronc, en cm
195 120 80 50
Croissance annuelle, en cm 16,5 12,5 8,5 5
Nombre d’aiguilles par pousse 218 146 133 88
Surface assimilatrice, par pousse,
en cm2
51 34 24
Dates de débourrement,
en 1986
17 Juin 28 Juin 2 juillet 6 juillet